Sa veine perdue, pauvre cave,
le mort-vivant chamade du palpitant à contretemps.
Sa veine perdue, pauvre cave,
le mort-vivant chamade du palpitant à contretemps.
Au plus loin de leur fût
des folioles en multitude
recueillent la rosée du ciel
L'égarement le déforme
mais la délicatesse des possibilités harmonise le paysage
des villages du temps
Le grondement de l'envie les ébranle
mais la mélopée du désir raffermit les fondations
des villages du temps
Les embûches le ralentissent
mais le saisissement ouvre l'accès aux routes
des villages du temps
La fumée des tristesses se disperse
mais la suie des regrets endommage les vestiges
des villages du temps
L'écho des rires rebondit
mais les grincements de l'amertume couvrent le chant
des villages du temps
Le voile de la pudeur ondoie
mais la poix de la honte filtre les propos
des villages du temps
Les méandres de l'imagination s'effilochent
mais la falsification du déni réécrit l'histoire
des villages du temps
Au plus loin de leur souche
une infinité de radicelles
captent le suc de la terre
Ma tête soutient que c'est impossible
Tandis que mon cœur frémit de désir
Par nos esprits trop souvent impassibles
Nos âmes pourraient se laisser flétrir
Immobilisé par ses entraves de pierre
Comme figé dans une muette prière
Le passe-muraille mesure la distance
Qui l'aurait sauvé de cette horrible sentence
Chaque soir au coucher débute mon combat
Dans notre monde matérialiste
J'avais conquis des monuments de sable
C'est pourtant dans un erg insaisissable
Que je suis devenu idéaliste
Radieuse face à ce court bonheur
Je suis petite fille aux allumettes
Gracile branche au faîte d'un arbre millénaire
Ensorcelante image de l'aboutissement
Enfin perdu pour tout le monde
Je pourrai cesser de pleurer
D'être victime vagabonde
J'aurai du temps à affronter
Dans un trou de verdure
Il voyait s'écouler le temps
Il voyait s'écouler son sang
Le seigneur des délices
A tapissé les chemins du monde
De pétales de fleurs
Et de couleurs d'arc-en-ciel
Quand la beauté n'a plus de sens
Dans le cœur de ceux et celles qui pleurent
Le seigneur des découvertes
S'éveille et les suit
Submergé par le poids du monde
Le seigneur des émotions
S'étend de tout son long sur le sol
En puisant dans la souffrance et la mort
La torche du tourment balaie l'âme
Du seigneur des mirages
Le seigneur des mystères
Sait toujours ce qui se cache
Dans la profondeur des secrets
Perdu dans une forêt
Immobile de froid
Le mort-vivant n'échappe plus
A cette glaçante image de lui-même
L'offrande de ma joie
A tes yeux qui sourient
L'offrande de tes mots
Au creux de mon oreille
Les morts-vivants pleurent la nuit en silence
leur âme privée de sens
Ils errent dans leur vie
mi-pantins, mi-vipères
Tractant les déceptions en tombereau
Le mort-vivant parcourt la spirale noire de son destin
Je connais mille et un mots qui sont autant de visages
D'une sublime Shéhérazade envoûtant mes nuits
J'aimerais que les morts me disent
A quoi ils ont pensé juste avant de partir
Mais j'ai peur de leur ressembler s'ils me répondaient
Aphrodite suspendue en un plongeon gracile
Délaissée, esseulée, fléchissante et fragile
Me rappelle que l'amour
Peut ne pas durer toujours
L'échanson des tendresses nocturnes
Brandit de joie son hanap en hommage
A la veille des plus audacieux
Inventifs et merveilleuses
Ce soir, le glauque du crapaud et son coassement rauque résonnent avec la morosité de mon humeur
Un uhlan flou dans une chambrette d'artiste
Pose un soir sans masquer sa résolution
A gagner demain un champ de bataille triste
En fou huant dépouillé de volition
Le regard glauque et voilé, un pied dans la tombe
L'autre dans le fossé, le mort-vivant succombe
Amer l'orgueil
Le mirage de ma vie, c'est l'odeur de ma mort
qui me colle au cœur comme un lambeau d'amour déçu
Les cimes des grands arbres transpercent l'éther
Et tiennent aux étoiles des propos bruissants
Sans que réellement les autres s'en émeuvent
D'aucuns naviguent comme ils le peuvent
Baigné dans les étoiles
J'ai levé un coin du voile
Qui me masquait en partie ta beauté
Les morts-vivants chantent en chœur
L'antienne de la faiblesse
Ce faisant s'évident le cœur
Et s'embarrassent de bassesse
Mon enfance reçut des mots
Sauf celui qui devait désigner ma vie d’adulte car il n’existe pas dans ma langue
Je me suis nourri d’images et de projections que je ne pouvais nommer
Et l’on m’a appris à voir en phrases dont
Les mots ne reflètent pas mes désirs
Dans la grisaille d'un après-midi d'automne
La douceur d'un rayon de soleil
Transperçant les nuages
A caressé mon visage
Je marchais lentement près du canal tranquille
M'éloignant pas à pas des fumées de la ville