Mon enfance reçut des mots
Sauf celui qui devait désigner ma vie d’adulte car il n’existe pas dans ma langue
Je me suis nourri  d’images et de projections que je ne pouvais nommer
Et l’on m’a appris à voir en phrases dont
Les mots ne reflètent pas mes désirs :

           Faux-filet
           Fuyant malgré tout
           Maugrée le boucher sanglant
           Contemplant l’ébauche à peine équarrie
            De son fournisseur
           En commençant son ouvrage.
           Pieuvre luisante
           Aux tentacules boutonneux s’insinuant
            Embêtants et insidieux
           Peur de tous âges.

Mon enfance connut des mots
A foison, me détournant de richesses infinies
Que je ne saurais décrire sans eux
M’en approchant d’autant plus près qu’elles ne se laisseraient pas saisir :

           Mer de diamant
           Mère de rubis
           Mer d’orgueil
           Mère de connaissance
           Mer de silence

Mon enfance susurra les mots comme on suce un bonbon
Car le goût du sucre n’était rien comparé à celui du miel coulant à flot de mes rêves
La vie adulte est-elle si trompeuse
Qu'elle n'a pas osé être nommée adultesse
Ou adultance tant elle transpirerait le claquement du fouet
Pourquoi la sagesse ne serait-elle une qualité
Que l'on ne prête qu'aux enfants et aux vieillards
En même temps qu'ils sont privés de responsabilité
Mon enfance est passée et je ne vois plus rien
Pourtant je découvre que l'on peut mourir
Jeune et heureux quelque soit son âge
Et j'espère vieillir assez pour en faire un adage

Mon enfance reçut des mots
Sauf celui qui devait désigner ma vie d’adulte car il n’existe pas dans ma langue
Je me suis nourri  d’images et de projections que je ne pouvais nommer
Et l’on m’a appris à voir en phrases dont
Les mots ne reflètent pas mes désirs :

           Faux-filet
           Fuyant malgré tout
           Maugrée le boucher sanglant
           Contemplant l’ébauche à peine équarrie
            De son fournisseur
           En commençant son ouvrage.
           Pieuvre luisante
           Aux tentacules boutonneux s’insinuant
            Embêtants et insidieux
           Peur de tous âges.

Mon enfance connut des mots
A foison, me détournant de richesses infinies
Que je ne saurais décrire sans eux
M’en approchant d’autant plus près qu’elles ne se laisseraient pas saisir :

           Mer de diamant
           Mère de rubis
           Mer d’orgueil
           Mère de connaissance
           Mer de silence

Mon enfance susurra les mots comme on suce un bonbon
Car le goût du sucre n’était rien comparé à celui du miel coulant à flot de mes rêves
La vie adulte est-elle si trompeuse
Qu'elle n'a pas osé être nommée adultesse
Ou adultance tant elle transpirerait le claquement du fouet
Pourquoi la sagesse ne serait-elle une qualité
Que l'on ne prête qu'aux enfants et aux vieillards
En même temps qu'ils sont privés de responsabilité
Mon enfance est passée et je ne vois plus rien
Pourtant je découvre que l'on peut mourir
Jeune et heureux quelque soit son âge
Et j'espère vieillir assez pour en faire un adage